1er mai 2009

 

LՎtat de lՎconomie mondiale

Lil du cyclone

 

Dans son dition du 25 avril 2009, The Economist publiait un important ditorial sous le titre de  Une tincelle despoir ? .  Le point dinterrogation est crucial.  Les commentateurs ont beau souligner de toutes relatives bonnes nouvelles concernant lՎconomie mondiale, de dire The Economist, la dgringolade nest pas prte de finir et une longue stagnation suivra.  videmment, la revue de la City ne saurait dpasser sa vision libre march du monde.  Cependant, comme les rapports de forces mondiaux ne sont pas prs de changer dans un proche avenir, ses pronostics risquent de coller la ralit.

 

De rappeler lhebdomadaire, on ne peut parler que de ralentissement du taux de dclin — si la drive seconde est redevenue positive, la drive premire reste ngative — do le danger de lillusion de lՎminence de la reprise.  Faut-il se surprendre que la plus de dizaines de billions $US offertes en garantie au systme financier sous une forme ou sous une autre soient enfin parvenus partiellement dgeler le systme de crdit et surtout commencer baisser les taux dintrt long terme depuis que les banques centrales tasunienne, britannique et japonaise se sont lances dans la (quasi)-cration montaire (la planche billets) et que les banques centrales de la zone euro et canadienne lont annonc ?  Faut-il se surprendre que le gigantesque r-endettement publique au rythme annuel de 9% du PIB dans les pays imprialistes, davantage aux U et en Grande-Bretagne, sans compter celui de la Chine attnuent la rythme de la descente aux enfers ?

 

Si la fin en vue du dstockage ralentit la chute de la production manufacturire, celle-ci continuera de baisser au rythme de la croissance du chmage, complet ou partiel, et de la stagnation salariale, invitable corollaire dun haut taux de chmage. La hausse en cours des taux dՎpargne des gens disposant de revenus dcents, particulirement dans les pays anglo-saxons, suite la baisse des cours boursiers et de la valeur de leurs proprits, et de leffet psychologique de lincertitude vont dans le mme sens.  Il faut se souvenir que la baisse du chmage ncessite davantage que la fin du dsemploie net tant donn la hausse rgulire de la population active, do le phnomne des reprises anmiques, comme au dbut des annes 90, qui narrtent pas la croissance du chmage. 

 

La continuation de la crise rebondira invitablement sur le systme financier mondial, non pas cette fois par lintermdiaire dune crise hypothcaire aux U, en Grande-Bretagne, en Espagne et en Irlande, mais par celles du crdit commercial, immobilier et des cartes de crdit, sans compter que les institutions financires sont loin davoir totalement pris en compte les pertes de la premire vague des  subprimes  et des produits drivs.  Le FMI vient de produire un rapport prvoyant que les banques tasuniennes devront reconnatre autant de dvaluations dactifs dans les deux prochaines annes quils en ont reconnues jusquici, soit un demi-billion $.  Cest pire pour les banques europennes qui devront reconnatre 1.1 billion $ contre seulement 300 milliards $ reconnus jusquici.  La pire posture des banques europennes est due aux mauvaises crances des pays dEurope de lEst privs la fois des injections de fonds des pays imprialistes et du tarissement de leurs exportations.  Si lEurope de lEst est le pire cas de cet effet de ciseau parmi les pays dpendants, le problme leur est gnral, eux qui absorbaient en 2007 des injections de capitaux des pays imprialistes quivalent 5% de leur PIB.

 

Dans son ditorial, The Economist ne dit mot de la fragilit croissante de la clef de vote garantissant lՎquilibre gnral de lՎconomie mondiale, soit le financement par la Chine et consorts du dficit du compte courant des U, dont le facteur explicatif est de plus en plus lexplosif dficit budgtaire qui sera cette anne de 13% du PIB.  Il en traite, cependant, dans un commentaire part dans le mme numro.  Il savre que comme lexcdent du compte courant chinois se maintient, les importations diminuant aussi vite que les exportations, la Chine continue de financer autant quavant les dficits tasuniens mais beaucoup plus par de volatils fonds spculatifs ( hot money ) hors rserves officielles dirigs de plus en plus vers les bons du trsor, qui sont court terme donc sans risque de dvaluation inattendue sur les marchs secondaires, au dtriment de placements long terme (hypothques, obligations, quit).  Il en rsulte une instabilit inhrente prise en tau entre le soutien du dollar, la fois pour maintenir les exportations et pour garantir la valeur de ses placements, et une crainte dune ventuelle hyper-inflation/hyper-dvaluation gnre par le recours de plus en plus important la  planche billets .

 

Prisonnier du dogme du libre-change, lhebdomadaire britannique admet quau mieux le  nettoyage des bilans  tous azimuts (banques, mnages, tats), cest--dire la lente rsorption du massif endettement de lՏre nolibrale, prendra des annes comme ce fut le cas pour le Japon dans les annes 90.  La ralit cest quactuellement lendettement massif de lՃtat a pris la relve de celui du secteur priv, quil ny a donc pas ou peu de diminution globale de la dette.  Et il y a le pire.  Comme ladmet lՎditorial de The Economist, bien des gards lactuel dclin de lՎconomie mondiale est pire que celui du dbut de la Grande Dpression.  La solution de gauche passe donc ncessairement par lexpropriation des crances, par lintermdiaire ce celle des institutions financires, quitte sauver les prestations la retraite et autres crances populaires en les rcuprant dans le budget public tout en taxant les fortunes accumules pour financer le tout. 

 

Ainsi, lՎcosocialisme aura les moyens de ses ambitions.

 

Marc Bonhomme, 1er mai 2009